Auteur : Béatrice Bottet
Editeur : Editions du Matagot (Collection Nouvel Angle)
Prix : 16,90 €
Résumé :
San Francisco, mai 1851
Dans le saloon bruyant et enfumé bourré de chercheurs d’or, l’homme aux cheveux gris haussa la voix :
– J’ai quelque chose d’important à te demander...
Le jeune marin ouvrit bien grand ses oreilles.
– Es-tu capable de retrouver quelque chose à Paris ? demanda Garancher, fébrile, en lui mettant une main sur le bras. Et quelqu’un ?
– Ce que vous voulez, dit Martial Belleroche avec assurance. Et qui vous voulez.
– Alors je compte sur toi. Mais surtout, surtout... il faudra te méfier, fit Garancher d’une voix grave et lugubre sans s’expliquer davantage.
Il leva alors son verre et les deux hommes trinquèrent.
Paris, avril 1852
Fifi -Bout-d’Ficelle sourit au public et s’inclina. Tous les spectateurs sentirent leur coeur fondre. Tous sauf un.
Le piano et le violon jouèrent un prélude d’une grande intensité dramatique. Fifi salua gracieusement en tenant sa robe à deux mains. Quelques applaudissements éclatèrent encore, vite rembarrés par des « chuuut » impatients.
Et Fifi chanta la complainte de la fille qui portait malheur…
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Martial est un jeune homme vivotant à San Francisco. Il a réussit à accumuler son petit pactole d'or en "jouant avec intelligence" avec les imbéciles du coin. Frauder et tricher ? Voyons, ce n'est pas son genre !
En tout cas, il commence à avoir un peu trop d'ennemis ici, il serait peut-être temps qu'il rentre en France, son pays.
C'est alors qu'un homme arrivé de nulle part va lui donner la chance qu'il attendait !
Il lui a sauvé la vie, Martial a donc une dette énorme envers lui, ce qui tombe plutôt bien, car le vieil homme lui demande un énorme service.
L'homme est écrivain, et il cherche désespérément un manuscrit lissé en France, sous la possession de sa nièce, Fifi les Guibolles, chanteuse et danseuse dans un cabaret.
Martial promet à l'homme de prendre le prochain bateau, et de revenir dans deux ans avec le fameux manuscrit, qui serait rempli d'écrits socialistes, interdits à l'époque.
Arrivé en France, et en suivant les indications de l'homme, il rencontre la jolie Fifi, qui chante comme personne, faisant pleurer le plus rustre des hommes, et dansant tel un ange sur la piste, entrainant qui le veut dans sa ronde enchantée.
Talentueuse et belle comme le jour, aucun homme ne partage son quotidien, car une terrible malédiction poursuit la jeune fille.
Quiconque l'approchera avec un peu trop de rudesse se verra terrassé par le sort, et retrouvé mort dans les instants qui suivent.
Cette fille qui n'a jamais connu l'amitié ou la promiscuité avec personne, et cet homme féru d'aventures mais au coeur fermé aux sentiments vont se trouver dans un Paris en plein bouleversement, sous fond de complots, d'aventures, de musique, d'or et de malveillance.
J'ai adoré suivre les aventures de Martial et Fifi. J'avoue être directement tombée sous le charme désinvolte du jeune homme, tandis de son côté, Fifi avait tendance à légèrement m'agacer. Elle repousse tout le monde, se drapant dans la protection de sa malédiction, elle en est devenue froide, impolie et un peu trop directe.
Heureusement, elle saura au fil du temps ouvrir un peu son coeur, et on découvrira une enfant apeurée, blessée, traumatisée, qui se défend comme elle le peut.
Niveau histoire, franchement, rien à redire. C'est passionant, il y a des intrigues, des personnages attachants, des mystères, de l'action et même un peu de peur, également.
Malheureusement, j'ai trouvé que le défaut principal était le récit trop chargé, le style étant parfois très lourd, l'histoire bien trop dense.
Quand j'aime un personnage, j'adore me perdre dans son histoire, me plonger dans son passé, dans son esprit, le connaître aux mieux.
Oui mais, parfois, c'est juste trop.
Béatrice Bottet veut étoffer et enrichir un récit déjà excellent, c'est une bonne chose en soi, mais parfois, à vouloir bien faire, on en fait trop, et cela gâche l'effet final.
Trop riche, trop dense, le rythme en est cassé et certains passages sont à la limite de l'ennuis, ce qui est vraiment, franchement dommage.
Comme je l'ai dit, j'ai sincèrement aimé ce livre, mais sa densité me laisse un goût amer dans la bouche. J'espère que le deuxième tome saura se montrer un peu plus léger, plus digeste.
Surtout pour un livre qui est vendu comme étant disponible à partir de 13 ans. Je ne crois pas que certains enfants de cet âge pourront garder leur intérêt intact jusqu'à la fin, malgré le fait qu'ils adoreront sans aucun doute les bagarres, les anecdotes de l'époques et autres scènes croustillantes.
Je reviens un instant sur les personnages, qui m'ont vraiment touchées. J'ai adoré la façon dont se développe la relation entre Martial et Fifi. Elle est naturelle, prend son temps, et explose dans un feu d'artifice de sentiments qui m'a fait sourire à plus d'une reprise.
Ils sont accompagnés par d'autres personnes hautes en couleur, surtout Fifi, qui travaille quand même dans un cabaret bas de gamme, se transformant en bordel une fois les instruments rangés dans leurs étuis ...
En tout cas, ce premier tome laisse présager un deuxième peut-être plus haletant, plus déchirant et mélancolique aussi, peut-être.
Détail qui mérite d'être soulevé, pour moi : la fin de ce livre s'accompagne d'une sorte de glossaire superbement illustré, donnant des explications détaillées sur certains points de l'histoire, comme les vêtements de l'époque, la pègre, la ruée vers l'or, etc ...
Très intéressant et enrichissant, et les dessins sont vraiment magnifiques.
Un grand merci aux Editions Matagot, et en particulier à la gentille Mathilde.
A noter que Rose-Aimée possède son propre site, très beau et bourré d'infos. Il vous suffit de cliquer ici pour vous y rendre.